Magnétique Puissant
Malgré une fin proche
Paz Boïra propose une bande dessinée éclairée par des visions oniriques, des cauchemars réalistes qui laissent le sens s’épanouir chez le lecteur, tissent des liens entre imaginaire et vécu.
Son livre est une recherche, une oeuvre en mouvement trouvant rythme et force dans la couleur, qui permet de passer de la violence des sensations d’êtres en lutte à la douceur de leur imagination.
Son livre est une oeuvre en mouvement trouvant rythme et force dans la couleur, qui permet de passer de la violence des sensations d’êtres en lutte à la douceur de leur imagination.
Les personnages de Paz Boïra doutent, songent, éprouvent des sentiments contradictoires, donnant à chaque séquence du récit une fin ouverte à l’interprétation.
Les pensées des personnages dérivent, fuyant l’ordinaire, micro-évènements qui mènent par l’imagination à des scènes surréalistes : humains et animaux mourant dans un même incendie, ou communiant dans une ode lyrique à la vie sauvage.
Chaque apparition montre l’incertitude qui nous entoure. Des images impossibles s’imposent à nos yeux. Des drames passés et futurs entrent par la fenêtre comme un déjà-vu. Le sens se dégage par les regards croisés que l’autrice, ses personnages et lecteurs posent incrédules sur un réel qui dépasse la fiction.
Malgré une fin proche aborde un enjeu majeur de son époque et de l’art, la destruction du vivant, s’interroge sur la possibilité de vivre avec un mal lointain qui dévore nos consciences. Ce récit muet, avançant par apparitions, renversements et détours oniriques, poursuivant le travail, introspectif et sensuel de Paz Boïra, qui cherche à représenter les marges de notre conscience.
C’est la couleur qui fait ressortir une catastrophe passée, la crainte de l’inconnu, l’émerveillement.
C’est elle qui créé des changements de rythmes, d’une précipitation de sensations à l’apaisement, des tons doux de la campagne vue par la vitre d’un train à la vision d’un feu de forêt qui éclipse le repas de famille.
Avec Malgré une fin proche, Paz Boïra livre une bande dessinée qui se singularise par l’audace de toucher, par le dessin seul, un sujet dont tous s’emparent avec sérieux. Le rapport intime à une question universelle prime chez Paz Boïra, qui évoque les conséquences autant individuelles que collectives du désastre, en assumant complètement la part de subjectivité d’un être humain désemparé.
En nous montrant que peurs, doutes, espoirs constituent en s’imposant à nous une forme de réalité, en faisant apparaître des images de fiction proches de ce que nous connaissons, Paz Boïra permet l’appropriation du récit par chacun. Elle ouvre le champ à l’interprétation. Elle s’ouvre pudiquement au lecteur de ses doutes, du poids de visions cauchemardesques. Elle partage avec lui la construction du sens et quelques humbles réponses : l’amour et l’introspection.