Expo du Salon 2023

Salon Archives

Retour

La tectonique des corps
Exposition interactive et immersive 2023

Corps embrassés ou dansants, mouvements de jeux ou de tendresse, corps multiples, gracieux ou empêchés… D’un trait alerte, le geste graphique vient déjouer les normes. Pour sa 39e édition, le Salon du livre et de la presse jeunesse ouvre 4 espaces d’exposition à 4 artistes qui donnent du corps à la littérature jeunesse: Albertine (Suisse), Gérard DuBois (Canada), Mari Kanstad Johnsen (Norvège) et Roxane Lumeret (France). Quatre manières singulières d’incarner l’enfance. Le dispositif scénographique interactif (jeux de lumières et de miroirs, gymnastique et manipulations) donne à voir et à sentir les effets de formes et de matières, les esquisses de chacun·e pour engager les corps dans une véritable immersion.

Albertine, les enlacé·e·s

Née en 1967 à Dardagny (Suisse), Albertine interroge sans cesse la différence, le collectif et l’individualité avec ses personnages douillets, élastiques, presque désarticulés.

« On peut raconter beaucoup de choses avec le corps même quand il n’est pas juste. Si on veut prolonger un membre, faire en sorte que tout à coup un bras devienne très très très très long ; ça raconte quelque chose de l’histoire et du personnage. C’est ça qui est formidable avec le dessin, c’est qu’on peut être faux et juste à la fois. On peut exprimer une situation. Le corps c’est l’expression d’une émotion. Ça permet d’évoquer beaucoup de choses : la tristesse, la joie… Toutes les émotions de l’existence passent par le corps. »

Derniers titres parus :
Séraphine à l’école, La Joie de lire, 2023
Pour demain et bien plus loin, texte Germano Zullo, La Joie de lire, 2023

Gérard DuBois, les décalé·e·s

Né en 1968 à Courbevoie, Gérard DuBois vit au Canada depuis plus de trente ans. Il est un grand nom de l’illustration de presse nord-américaine et de la littérature jeunesse francophone. Avec ses corps contorsionnés, démembrés ou mêlés, il capture une galerie d’émotions complexes.

« La première chose que j’ai tendance à dessiner ce n’est pas un animal, pas autre chose : c’est surtout une personne. Ce qui est chouette dans le dessin c’est qu’on fait ce qu’on veut, on ne fait de mal à personne. Il y a juste une réaction qui va être créée. J’aime l’idée d’une image où il y a un petit délai de latence et on découvre un truc un peu étrange. C’est ludique de déplacer une forme. Parfois, je le fais avec des objets, complètement décalés. Mais le plus souvent, c’est avec des corps. C’est le jeu de la réflexion, où est-ce que je peux emmener ces corps-là ? Créer une réaction. »

Derniers titres parus :
On ferait comme si, texte André Marois, Grasset Jeunesse, 2023
À qui appartiennent les nuages ?, texte Mario Brassard, La Pastèque, 2021

Mari Kanstad Johnsen, les animé·e·s

Née en 1981, en Norvège, Mari Kanstad Johnsen croque avec une grande tendresse, d’un trait nerveux et souple, la diversité des corps – des tout-petits aux très grands. Attitudes, postures, les portraits qu’elle dresse sont aussi vivants qu’expressifs.

« Pendant des semaines, pour Les animaux dorment, j’ai dessiné directement à partir d’images, en essayant de saisir les caractères des morses et des girafes, ces animaux que je n’avais jamais dessinés auparavant. (…) J’ai passé beaucoup de temps à imaginer l’apparence des personnages pour qu’ils soient à moitié humains et à moitié animaux. C’est très banal, mais ce que j’aime dans l’illustration, c’est que l’on crée quelque chose qui n’existait pas auparavant. Pour me détendre, ce que je préfère c’est créer des visages et des figures. Quelque chose qui n’existait pas existe soudain et je me dis toujours : Oh ! en voilà un personnage intéressant. » Interview dans le New York Times.

Derniers titres parus :
Un dernier livre et au lit !, texte Frode Grytten, trad. du néo-norvégien Catherine Renaud, Cambourakis, 2023
Les animaux dorment, texte Kjersti Annesdatter Skomsvold, trad. du norvégien Catherine Renaud, Cambourakis, 2023

Roxane Lumeret, les élancé·e·s

Née en 1988 en Alsace, Roxane Lumeret dessine les corps pour mieux questionner le regard qu’on leur porte. Elle s’attaque avec humour aux stéréotypes de genre et dégomme la chosification du corps féminin dans un style psychédélique pop rappelant les dessins animés des années 80-90.

« C’est quasiment indispensable de dessiner de l’anatomie qu’elle soit réaliste ou non, dès lors qu’on raconte des histoires, car celles-ci sont incarnées par des personnages. J’aime dessiner la diversité des corps. Il y a énormément d’anatomies différentes selon l’âge, le style, l’état d’esprit et même l’espèce, car, dans mon cas, je dessine souvent des animaux dans mes albums jeunesse. Dans un dessin, on peut raconter beaucoup de choses à travers la gestuelle. Donc selon les moments de l’histoire et les états d’âme des personnages, j’essaye de faire passer des informations dans la posture et la façon de se tenir des protagonistes. »

Derniers titres parus :
Comme une chaussette orpheline, La Partie, 2023
Le Caramel du jurassique, Albin Michel Jeunesse, 2020